Interview (7)

Management de l’énergie ISO 50001 : comment Sercel structure sa performance énergétique avec la donnée par usage

Mettre en place un Système de Management de l’Énergie (SME) conforme à l’ISO 50001 permet aux entreprises d’allier performance environnementale, maîtrise des coûts et conformité réglementaire.

Chez Sercel, équipementier industriel du Groupe Viridien, le Système de Management de l’énergie ISO 50001 est devenu un levier structurant pour optimiser la performance énergétique des sites de production en France, aux États-Unis, aux Pays-Bas et en Chine. Rencontre avec Céline TURMO ROCA, Directrice RSE & HSE, qui pilote la démarche à l’échelle internationale.

 


En bref — Les clés du Management de l’énergie ISO 50001 chez Sercel

  • Mesurer ce qui compte : plan de comptage par usage + facteurs influents + indicateurs normalisés (kWh/unité).
  • Exploiter la donnée : pas seulement des kWh globaux, mais une lecture par usages pour cibler les actions.
  • Agir vite sur les dérives : pompes, compresseurs/sécheurs, éclairages en hors horaires.
  • Impliquer le terrain : autocollants machines et communication visuelle des résultats.
  • Gouvernance : revues trimestrielles, objectifs chiffrés (-5 %), et certifications site par site.

 

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Pouvez-vous présenter votre rôle et le périmètre couvert ?

Céline TURMO ROCA (C.T.R) — Je suis Directrice RSE & HSE pour le groupe Sercel. Sercel est la branche « Equipment » du Groupe Viridien.

Je couvre nos principaux sites industriels : deux sites en France, un à Rotterdam, un en Chine, et deux aux États-Unis auxquels s’ajoutent des sites plus petits (R&D à Édimbourg, réparation à Dubaï, bureaux commerciaux, etc.). Au total, 17 sites, mais la démarche d’optimisation de la consommation énergétique cible surtout les sites de fabrication.

 

Pourquoi avoir mise en place une démarche de management de l’énergie ISO 50001 ?

C.T.R : La démarche est partie de l’obligation d’audit énergétique en France (tous les 4 ans). Nous en avions mené deux, mais l’apport était limité au regard des efforts internes demandés. Se structurer via la norme ISO 50001 nous paraissait plus efficace et pérenne — et cohérent avec nos ambitions de réduction des émissions de CO₂ au niveau groupe. Nous avons mené la certification ISO 14001 et ISO 50001 de manière coordonnée : Nantes et Houston simultanément, Rotterdam a d’abord initié l’ISO 14001 puis 50001.

 

En quoi les certifications ISO 14001 et 50001 sont-elles complémentaires ?

 

C.T.R : L’ISO 14001 traite de nos impacts significatifs (énergie, eau, déchets…), mais l’ISO 50001 pousse la logique d’efficacité : on ne suit pas une consommation globale, on suit une consommation corrélée à l’activité (ex. kWh par produit). Pendant le Covid, fermer un site a fait baisser la consommation, mais pas amélioré l’efficacité. L’ISO 50001 met tout le monde en accord sur un langage commun en interne : des indicateurs normalisés et une amélioration continue de la performance, pas seulement des kWh bruts.

 

Quelles ont été les principales difficultés dans la mise en place d’un système de management de l’énergie ?

 

C.T.R : Historiquement, nos ateliers ont peu de comptage par usage. Or l’ISO 50001 demande d’identifier les usages énergétiques significatifs. Deuxième point : nous ne sommes pas toujours mono-produit ; bâtir des ratios d’efficacité par famille de produits dans un même atelier est complexe. Enfin, il faut instrumenter les facteurs influents (ex. température extérieure, niveaux de production, indicateurs process). Même sur l’air comprimé par exemple, l’auditeur attend qu’on challenge le volume d’air utilisé par type de produit, pas seulement le rendement énergétique du compresseur.

 

Quel regard ont porté les auditeurs sur votre suivi  ?

 

C.T.R : En France, l’auditrice connaissait Smart Impulse et a souligné la puissance de l’outil : si l’on sait isoler climatisation, chauffage, éclairage, etc., alors on peut (et doit) aller plus loin dans les indicateurs et facteurs pertinents. Les données par usage suivies toutes les 10 minutes sont un outil très performant pour nous aider à traquer les consommations hors horaires par exemple.

 

Des résultats chiffrés récents grâce au monitoring mis en place ?

 

C.T.R : Oui, deux exemples marquants à Nantes (27 000 m²) :

  • Chaufferie – pompes de circulation : elles tournaient l’été alors que le chauffage était coupé. Arrêt = 46 MWh évités sur la période de non-chauffe, soit 8 280 € d’économies.
  • Air comprimé – compresseur/sécheur : malgré une horloge censée couper la nuit/week-end, la programmation du sécheur ré-enclenchait le compresseur. Correction = ~8 000 € économisés/an. 

D’autres dérives (ex. éclairages le week-end) ont aussi été traitées, notamment à Houston.

 

Votre conseil n° 1 pour démarrer une certification de Management de l’énergie ISO 50001 ?

 

Sans hésiter : le plan de comptage. Bien cartographier le site, ses équipements, prioriser les usages significatifs, et mettre en place le comptage adapté. C’est la base pour des indicateurs robustes et des actions efficaces.

 

Quels « facteurs influents » suivez-vous ? Des actions simples à partager  ?

 

Les horaires de production (1×8 vs 2×8), des consignes de température (chauffage/clim), des paramètres process (ex. température de chauffe sur presse)… Nous déployons aussi un système d’autocollants sur les machines : « Je dois couper / Je peux couper / Je ne peux pas couper » pour responsabiliser les opérateurs au quotidien.

 

Comment animez-vous la démarche au quotidien ?

 

Une communication régulière des résultats (le site de Saint-Gaudens diffuse chaque mois sur des écrans connectés), des revues de direction liées aux certifications, et des revues de performance 3 fois/an à l’échelle de la branche. Pour 2025, chaque site porte un objectif d’efficacité (ex. -5 % par nombre de produits, km de câbles, cartes électroniques, etc.). Nous avons choisi des certifications par site (et non « groupe ») pour maintenir la pression d’amélioration annuelle ; la France a joué un rôle de pilote, avec Nantes et Saint-Gaudens certifiés en juillet.

 

Merci à Céline TURMO ROCA et aux équipes de Sercel pour ce retour d’expérience concret sur le Management de l’énergie ISO 50001 et l’usage de Smart Impulse au service d’actions mesurables et durables.

 

BOUTONS ET PICTOS (31)

 

Pour aller plus loin :

Certification ISO 50001 : Pourquoi elle devient incontournable

Loi DDADUE 2025 et ISO 50001 : comment être conforme d’ici 2027 ? REX de Crédit Agricole Assurances

Livre blanc ISO 50001, comment passer à l’action pour préparer 2027 ?