Flexibilité énergétique : un nouveau défi pour le bâtiment ?

Smart Impulse revient sur la table ronde animée par Cédric Borel, Directeur de l’IFPEB lors de la Cérémonie du Championnat de France des économies d’énergie qui a eu lieu le 13 décembre 2022 à Paris La Défense Arena, autour de la thématique : « Flexibilité énergétique : un nouveau défi pour le bâtiment ? »

Flexibilité énergétique : un nouveau défi pour le bâtiment ? 

Elle a réuni :

  • Charles Gourio, CEO et Co-fondateur de Smart Impulse,
  • Dimitri Petrakis, Directeur Commercial Segments Tertiaire chez Schneider Electric,
  • Lionel Algive, Directeur Innovation chez Aveltys,
  • Elisabeth Trofimoff, consultante chez A4MT (Cubeflex).

 

Le concours CUBE, c’est quoi ?

 

Le Concours CUBE, plus communément appelé le Championnat de France des économies d’énergie, vise à sensibiliser et à encourager les acteurs du bâtiment à réduire leur consommation d’énergie.

 

Chaque année, les participants s’engagent à réduire leur consommation d’énergie de 10% en 1 an à travers des actions simples et peu coûteuses, comme l’installation de capteurs de mouvement pour l’éclairage, l’amélioration de l’isolation, la mise en place de systèmes de régulation de la température, etc. C’est une occasion pour les participants de mettre en pratique des solutions énergétiques innovantes et de partager leur expérience avec d’autres professionnels du secteur.

 

En parallèle, le Challenge Cube Flex propose d’aller encore plus loin pour les bâtiments qui souhaitent se challenger sur leur capacité de flexibilité énergétique, c’est-à-dire leur capacité à réduire ponctuellement leur appel de puissance électrique.

 

 

La flexibilité énergétique 

Dans le secteur du bâtiment, la transition énergétique se traduit par la sobriété énergétique, une étape obligatoire pour assurer une maîtrise de l’énergie durable. La sobriété énergétique a marqué notre décennie et s’ouvre maintenant sur une nouvelle ère : celle de la flexibilité énergétique.

 

La flexibilité énergétique consiste à adapter la consommation d’énergie d’un bâtiment aux variations de la demande et de l’offre en énergie au niveau du réseau électrique global. Elle fait référence à la capacité d’un système énergétique à produire, à stocker et à consommer de l’énergie en intégrant des énergies renouvelables et en s’adaptant aux besoins de l’occupant du bâtiment.

 

Quelles sont les pratiques pionnières en termes de flexibilité énergétique ?

 

Plusieurs pratiques pionnières ont été évoquées lors de la table ronde, telles que :

 

  • Piloter le chauffage et la climatisation en fonction de la météo, en étant attentif aux pics de consommation et aux heures creuses et pleines,

« C’est principalement le pilotage du chauffage et de la climatisation quand on est en été, pour remettre le bâtiment en température un peu avant les pics du matin. » – Charles Gourio

  • Connaître ses usages en temps réel pour déterminer quels usages décaler,

« Il y a une bonne pratique qui est commune à la flexibilité et à la sobriété est qu’il faut connaître ses usages en fonction du temps et donc savoir à chaque instant ce qui consomme pour savoir si on peut le décaler. » – Charles Gourio

  • Chauffer son ballon d’eau chaude ou recharger sa voiture électrique lorsqu’il y a moins de demande d’électricité, par exemple la nuit,

 

  • Utiliser l’inertie thermique du bâtiment pour réduire les pics de consommation. (Cette technique consiste à stocker de la chaleur ou du froid à l’intérieur du bâtiment lorsque la production d’électricité est abondante, pour l’utiliser ultérieurement lorsque la production est plus faible),

 

 

  • Proposer des contrats d’effacement pour inciter les bâtiments à moduler leur consommation en fonction de la production d’électricité,

 

  • Etablir une organisation humaine efficace pour mettre en place la flexibilité énergétique dans le bâtiment en fédérant tous les acteurs impliqués, du propriétaire à l’occupant, en passant par le facility manager et les organes syndicaux, pour mettre en place des stratégies efficaces et durables.

 

Un nouveau défi pour le bâtiment 

Le bâtiment passe de consommateur à acteur du réseau électrique

 

« On va passer d’une situation où le bâtiment est juste un consommateur d’énergie, une sorte de point final du réseau, à un bâtiment qui va devenir acteur. » – Dimitri Petrakis

 

Avec la croissance de la production d’énergies renouvelables locales, le bâtiment passe de simple consommateur d’énergie à un acteur du réseau électrique capable de produire et de stocker de l’énergie.

 

Le premier enjeu en cas de production d’énergie locale, est de savoir comment gérer l’énergie produite par le bâtiment. Cette évolution nécessite de nouvelles méthodes de gestion de l’énergie, notamment en matière d’autoconsommation et de revente de l’énergie.

 

Pour beaucoup de gestionnaires de bâtiments, l’autoconsommation est devenue une priorité, car elle permet de réduire les coûts et de devenir plus résilient en cas de limite de capacité du réseau électrique. Cependant, l’autoconsommation ne suffit pas à elle seule pour garantir la stabilité du réseau électrique. En effet, en cas d’excès de production, les bâtiments doivent également être en mesure de revendre l’énergie qu’ils produisent pour qu’elle soit consommée par d’autres bâtiments du réseau.

 

Le deuxième enjeu est de déterminer comment automatiser efficacement la gestion de cette énergie, car les bâtiments doivent être opérés de manière à équilibrer le réseau électrique avec les énergies renouvelables.

 

Pour relever ces défis, une forte dynamique a réuni les acteurs du marché de l’énergie qui contribuent aujourd’hui ensemble à des projets de développement des solutions innovantes de gestion de l’énergie dans les bâtiments du secteur tertiaire.

 

Le besoin de réinventer les tarifs de l’électricité 

 

La massification de la production d’énergies renouvelables impose de trouver de nouveaux modèles de gestion de l’énergie pour maîtriser et garantir la stabilité du réseau électrique.

« J’insisterais vraiment pour revenir à des tarifs qui poussent à l’action. » – Lionel Algive

Parmi ces modèles, la révision des tarifs de l’électricité peut être un point de départ intéressant. En effet, il faut envisager une tarification dynamique et différenciée pour encourager les usagers à adopter des comportements plus sobres. Ce type de tarification vise surtout à faire passer à l’action et permettra également de récompenser les usagers impliqués/méritants en modulant le prix à leur avantage.

 

Les gestionnaires de bâtiments doivent également être en mesure de s’adapter à ces tarifs différenciés, ce qui nécessite une collaboration étroite entre les exploitants de bâtiments, les propriétaires et les locataires. Il est important de trouver une équation économique équilibrée permettant de garantir l’adhésion de tous les acteurs impliqués.

 

Les contrats d’effacement sont des incitations économiques destinées à encourager les bâtiments à réduire leur consommation d’énergie pendant les périodes de pics en échange d’une rétribution ou d’une réduction de leur facture d’électricité. Ces contrats d’effacement peuvent être particulièrement attractifs pour les entreprises, qui peuvent ainsi réduire leurs coûts d’énergie.

 

Un nouveau sport pour les occupants du bâtiment

 

Dans un contexte où la transition énergétique est plus que jamais d’actualité, les entreprises cherchent de nouvelles façons d’intégrer les enjeux environnementaux dans leur entreprise. Certaines solutions de flexibilité énergétique permettent aux occupants de s’investir en jouant un rôle actif dans la réduction de la consommation d’énergie de leur bâtiment.

 

Parmi les solutions envisagées, on retrouve la préservation de systèmes manuels, dits « Low-Tech », qui permettent aux occupants de garder la main sur la gestion des équipements sur leur lieu de travail. Ils peuvent ainsi régler manuellement la température, l’éclairage et les appareils électroniques. Cette approche permet de les embarquer et de les responsabiliser quotidiennement quant à leur consommation.

 

En parallèle, pour motiver les occupants à s’engager dans la réduction de la consommation d’énergie, la gamification peut être une solution ludique. Des défis peuvent être lancés pour encourager les occupants à réduire leur consommation d’énergie en proposant des classements et des récompenses.

« Avoir un bilan à la fin de la journée, être classé par rapport aux autres et prendre parti à l’impact de l’ensemble du bâtiment, je trouve que ça aurait plus de sens et ça embarquerait l’utilisateur. » – Elisabeth Trofimoff

Cependant, pour suivre leur participation, il est important d’être en mesure de fournir des données en temps réel. Ces données peuvent être accessibles sur une plateforme de monitoring ou dans une application mobile. En analysant et suivant l’évolution de leur consommation d’énergie, cela permet aux occupants de mesurer l’impact des efforts de sobriété et de flexibilité énergétique fournis.

 

Cette approche permet aux occupants de prendre conscience face à leur façon de consommer de l’énergie et de les inciter à adopter des comportements plus vertueux sur leur lieu de travail mais aussi dans leur vie quotidienne.

 

Pour toute question ou renseignement, n’hésitez pas à contacter un expert Smart Impulse via notre formulaire de contact ou par mail à l’adresse contact@smart-impulse.com  !